samedi 22 décembre 2012

Le Dernier Bar (avant la Fin du Monde...)

  Hier soir, s'il y avait bien un endroit dans Paris où "fêter" la fin du monde (soi-disant prophétisée par les Mayas, de par l'arrêt de leur calendrier à cette date -no comment), c'était au bien-nommé Dernier bar avant la fin du monde, à Châtelet.



  Cet "espace d'expression des cultures de l'imaginaire" (comme l'affiche sa devanture), ouvert depuis cet été, et devenu depuis "le repaire des malandrins les plus infâmes de toute la galaxie", y organisait en effet la "dernière soirée avant le fin du monde"...
  
Vous l'aurez deviné, c'est ici que peuvent se retrouver certains des plus farouches représentants de la sympathique communauté "geek".



  Né d'un pari risqué, celui de surfer sur le "buzz" créé par l'annonce de la fin du monde, programmée le 21 décembre 2012 -jour du solstice d'hiver, soit dit en passant-, cet établissement n'a aujourd'hui plus aucune raison de faire sa publicité! En effet, un bouche à oreille numérique (c'est à dire relayé par les réseaux sociaux) s'en est chargé, et ce à une vitesse fulgurante!

  D'abord proposé en "version bêta"-c'est à dire inachevé- durant deux mois , le bar ouvrit intégralement tous ses espaces le 28 août.
  Sur trois niveaux (et 400m2), ce lieu de réunion des amateurs de la culture "bis" nous propose différentes ambiances tirées des univers de la littérature ou du cinéma fantastique.
  Le premier espace ouvert, de plain-pied avec la rue, à la mise en scène inspirée des écrits de Jules Verne ou de H.P. Lovecraft, avec son bar à tendance "steampunk", expose aux visiteurs, derrière un bureau que Harry Potter n'aurait pas renié, de nombreux livres, jeux de société ou jeux de rôle en libre-emprunt, dans une étagère-ludothèque à la déco soignée. Car le jeu, sous toutes ses formes, est de loin le loisir préféré de tout bon "nerd".



  Et peu importe le moment de la journée où l'on pénètre dans cette salle, on peut régulièrement y voir plusieurs personnes se livrant des batailles imaginaires, à coup de cartes à jouer, dans des parties pouvant parfois durer des heures...


  Revenons un peu sur nos pas. A l'entrée du bar se trouve un bien curieux petit hôte d'accueil: RD-D2, le fameux droïde astromécano de La Guerre des Etoiles
  Je dois à présent vous confesser une vérité me concernant, pour que vous puissiez bien comprendre mon intérêt à retourner dans ce bar. J'ai été, durant de nombreuses années, de ma petite enfance au début de l'âge adulte, un grand fan de l'univers Star Wars. Par conséquent, venir au Dernier Bar (comme l'appellent déjà les habitués), et rencontrer d'autres fans des univers fantastiques, fonctionne pour moi comme un mécanisme appelant une certaine nostalgie d'une part importante de ma personnalité passée...
  Etant aussi un grand cinéphile, le fait d'entendre des B.Os de films alors que l'on consomme sa bière ou son cocktail est toujours agréable. D'ailleurs, la première fois que j'y entrais, durant les vacances d'été, et qu'une foule incroyable s'y pressait déjà, y retentissait le thème principal de la musique de Superman, de John Williams. Une bonne entrée en matière!
  En parlant d'entrée, une fois franchies les portes vitrées, un compteur mural égrenait les secondes jusqu'à l'heure de la fameuse apocalypse -donc inactif depuis hier... Au-dessus, une grande maquette ultra-détaillée du Faucon Millenium, le vaisseau du contrebandier Han Solo, toujours dans Star Wars.
  Sur le mur de gauche, accrochées derrière un grillage protecteur, plusieurs répliques d'armes, dont l'épée de Conan le Barbare, l'épée de Blade, le sabre-laser du Jedi Luke Skywalker, la baguette-magique de Harry Potter, le pistolet du privé Rick Deckard dans Blade Runner, un "batarang"...avec cette consigne, apposée sur une pancarte en-dessous: "Déposez vos armes"...
  Pour celles et ceux qui en douteraient encore, vous venez de pénétrer dans un autre monde.


  Laissons sur notre droite les vitrines remplies de produits dérivés du monde du jeu vidéo ou du manga, ainsi que l'espace décrit plus haut, afin de descendre les escaliers menant au "bunker anti-zombie"!

  Accrochée sur un mur du palier intermédiaire, une série de masques tirés du film V for Vendetta (rendus plus que célèbres par les hackers "Anonymous"), placés derrière une vitrine affichant un drolatique "in case of revolution, break glass"!
  Un peu plus loin dans la descente, un faux défibrillateur, exposant derrière la vitrine une peluche du pokémon Pikachu!

  Avant de visiter la seconde salle, un arrêt aux toilettes s'impose! On dira que j'aurais pu me passer de tels détails, mais là, non! Il ne s'agit pas de n'importe quelles toilettes! En effet, les urinoirs des hommes comportent un écran proposant des jeux ludiques (tests ou quizz), auxquels ont peut participer... en dirigeant le jet de son urine sur des curseurs intégrés au fond de la cuvette! Alors, si vous souhaitez faire durer la partie plus longtemps, messieurs, vous savez ce qu'il vous reste à faire: privilégiez la bière!
  Par contre, je n'ai pas osé m'aventurer chez les dames, pour découvrir si les concepteurs vous avaient réservé pareilles installations, ladies!


  Face aux commodités se trouve l'entrée d'un véritable bar spatial, tout droit tiré de l'imaginaire de Douglas Adams, le génial créateur de H2G2: Le Guide du voyageur galactique (dans lequel on peut d'ailleurs trouver un "Dernier Restaurant avant la fin du monde", où ledit voyageur peut se retrouver pris au piège dans une sorte de boucle temporelle...) L'aspect métallique et la luminosité futuriste de la salle pourraient également nous faire ressentir l'ambiance d'une cantina de stormtroopers sur l'Etoile de la Mort, ou bien d'une salle de détente du personnel de l'USS Enterprise de Star Trek (pour les plus imaginatifs).

  Descendons encore une volée de marche jusqu'au deuxième sous-sol, et débouchons cette fois-ci en plein univers "cyberpunk". Comptoir à circuits intégrés et grilles d'aération factices , câbles dépassant du plafond... "Bienvenue dans le monde réel", aurait pu nous dire Morpheus. 


  Un peu plus loin, après un couloir de liaison extrait d'un scénario post-apocalyptique, se trouve une plus petite salle, décorée dans le goût de la mésoamérique précolombienne, notamment garnie d'un trône olmèque (pour les Indiana Jones en herbe!)
  Enfin, une taverne de style médiéval, tables, bancs et tabourets de bois brut et murs en pierre, plus fraîche que les autres espaces, pour tous les amoureux d'heroic fantasy. La dernière fois que j'y mis les pieds, en compagnie de mon vieil ami Marc, s'y déroulait un concours de jeux vidéos, sur des consoles d'arcade vintage...

  Un petit mot maintenant sur les consos (car c'est un bar, après tout!):
Grand choix de boissons diverses et variés, venues d'ici ou d'ailleurs (voire de l'au-delà -ah!ah!), alcoolisées ou non. La carte des cocktails se révèle particulièrement inventive, (enfin, plus par leur nom que par les ingrédients!) Exemple: "The Dude", en lieu et place du "White Russian", hommage au héros décalé de The Big Lebowski. On peut aussi déguster un "Jedi Knight" (soft), un "Sith" (hard), un "Bankaï!", un "Fulguro-Poings", un "Poison Ivy", un "Proton Pack", un "Holy Grail", ou encore un cocktail "Debout les Morts" (Souvenez-vous de Doc dans Retour Vers le Futur III), en fait un "Bloody Mary" renommé!
Seul bémol: leur prix! Comptez 12 euros pour avoir le droit de consommer un de ces mix!


  En bref: déco incroyablement soignée, ambiance hyper-sympa, accueil chaleureux (assez rare sur Paris, de nos jours, pour le mentionner!), serveurs souriants et dynamiques, serveuses souriantes et... Hum! Hum!; public hétéroclite (du geek typique, issu de la série The Big Bang Theory, au métaleux pas si égaré que ça, en passant par la jolie "otaku" se prêtant volontiers au "cosplay")...

  Une chose est sûre: j'y retournerai!

  Et si je vous ai donné envie d'y aller, une adresse à retenir: "vers l'infini et au-delà!"
Plus sérieusement: 19, avenue Victoria, tout près du Théâtre (et de la place) du Châtelet (Paris Ier).

http://www.dernierbar.com/

vendredi 21 décembre 2012

Le Grand Michel au Palais des Congrès

  Le mardi 4 décembre, j'eus la chance et le privilège d'assister à un concert unique en son genre: Le Cinéma de Michel Legrand.
  L'ami de ma mère, Alain, grand mélomane de son état, put obtenir deux invitations pour aller voir ce concert d'exception, dans un auditorium également d'exception.

Michel Legrand... 

  Pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas, il s'agit d'un des plus grands compositeurs du XXème siècle, récompensé à maintes reprises, notamment par les Oscars, au court d'une carrière de plus de 50 ans... 
  Autodidacte, grand pianiste, musicien de jazz et interprète, il a composé de nombreuses chansons pour les plus grands (de Jacques Brel à Yves Montand, en passant par Claude Nougaro et Barbra Streisand), mais est surtout renommé dans le monde entier pour ses compositions de bandes-originales de films.

  C'était là le thème de ce "concert-hommage" à la carrière de Michel Legrand, fêtant ses 80 printemps!


 Sous la forme d'un ciné-concert (avec projections d'extraits de films sur l'écran de fond de scène), le grand orchestre Lamoureux interprétait, sous la direction du maestro lui-même, un florilège de thèmes devenus de grands classiques de la musique de film.
  Après l'arrivée sur scène du chef-d'orchestre sous un tonnerre d'applaudissements, et une petite introduction sur la thématique du concert, l'orchestre entama une suite de musiques tirées des films du regretté metteur en scène Jacques Demy, dont l'épouse, Agnès Varda, était présente dans la salle. 
  De l'éclatante orchestration du célèbre thème du film Les Demoiselles de Rochefort (souvenez-vous: "nous sommes des soeurs jumelles, nées sous le signe des gémeaux") à la section cuivre jouant un air jazzy -trompette puissante à l'appui- pour le mystérieux Parking, en passant par la version instrumentale des chansons extraites du fameux Peau d'Âne, c'est tout un pan du cinéma français qui nous revenait aux yeux et aux oreilles. Alors qu'une douce nostalgie s'emparait du coeur des spectateurs, l'orchestre enchaîna avec une suite tirée de l'oeuvre qui restera à tout jamais dans les mémoires comme la réalisation la plus aboutie du cinéaste: Les Parapluies de Cherbourg. Et l'émotion allait crescendo, tout comme la musique!



  Par la suite, Michel Legrand voulut rendre hommage à sa soeur, la grande vocaliste Christiane Legrand, disparue l'an passé. De sa voix claire et quasi-juvénile, malgré le poids des ans, il s'adressait tendrement à sa "Cri-cri", lors d'une "séquence émotion" avec la projection de l'enregistrement télévisuel d'une de leurs nombreuses prestations, jouant et chantant ensemble...

  S'ensuivit l'interprétation d'un morceau de jazz endiablé, avec Michel Legrand au piano, accompagné d'une formation de type quintette tirée de l'orchestre (trompette, trombone, contrebasse et batterie). Hommage à la haute gastronomie française, selon le compositeur, et malicieusement dénommé "Fast food"!

  En voici un enregistrement, lors d'un concert donné à la salle Pleyel, en 2009, avec le London Big Band Orchestra:



  Après cela, l'orchestre et son chef nous gratifièrent d'une composition étrangement envoûtante, tirée du film  Picasso Summer, réalisé en 1969, malheureusement peu distribué puis censuré pour cause de droits d'auteur, la réinterprétation des tableaux de Pablo Picasso en animation n'ayant guère plu au peintre...
La musique de ce film étrange, à mi-chemin entre la contemplation et le rêve éveillé, peut se rapprocher à l'écoute du Sacre du Printemps, l'oeuvre contestée du compositeur russe -mais international à bien des égards- Igor Stravinsky.

  Pour les plus curieux, en voici un extrait:


  Pour clore la première partie de ce concert, une interprétation du thème principal de Yentl, le film-phare de Barbra Streisand, comportant l'une des plus belles musiques du cinéma, pour laquelle Michel Legrand reçut un Oscar en 1984.

  Petit aparté à l'adresse des cinéphiles: laissez-moi vous présenter un extrait de concert montrant la rencontre de deux géants de la musique de film: le grand compositeur américain John Williams à la baguette et Monsieur Legrand au piano, pour l'interprétation d'un medley de la musique de Yentl:



  Après un court entracte de 20 minutes (laissant le temps aux plus assoiffés et affamés de se ruer sur le comptoir du snack-bar de la salle -d'ailleurs insuffisant pour autant de spectateurs), l'orchestre entama un medley de thèmes tirés de trois films du réalisateur français Jean-Paul Rappeneau, présent dans la salle.
Il s'agissait de La Vie de Château, Les Mariés de l'An II, et Le Sauvage.
  Avec tous les extraits projetés au cours de la soirée, une chose était sûre: l'actrice Catherine Deneuve était à l'honneur!



  S'ensuivirent diverses compositions pour le cinéma américain des années 70, dont notamment celle des Hauts de Hurlevent (version Timothy Dalton), auxquelles succéda le moment de bravoure du concert:
l'interprétation du thème principal de Partir, revenir, le film-choral de Claude Lelouch (également présent ce soir-là).
  Si le film en lui-même est loin d'être un chef-d'oeuvre, la musique, quant à elle, est l'expression d'une maturité incroyable de la part du compositeur. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'un concerto pour piano et orchestre digne de Sergueï Rachmaninov!
  Michel Legrand appela alors le célèbre pianiste Erik Berchot, et prit lui-même la direction de l'orchestre, pour une intéressante mise en abîme.
  En effet, alors que le chef d'orchestre dirigeait et que le pianiste s'escrimait, des images du film de Lelouch défilaient sur l'écran, montrant en particulier une scène du film enregistrée lors d'un concert de musique classique, avec Michel Legrand à la direction et Erik Berchot au piano (interprétant, pour info, le fameux Concerto pour piano n°3 en ré mineur de Rachmaninov), 28 ans auparavant!

  Voila un extrait de cette pièce formidable, captée miraculeusement (merci à "Arwen Etoile du Soir", pour l'avoir mis en ligne sur son compte YouTube!):




   Ne nous laissant que peu de temps pour souffler, Catherine Michel, harpiste talentueuse et épouse de Michel legrand, vint ensuite s'installer derrière son instrument, pour nous jouer, accompagnée par l'orchestre (et par son mari!), le thème du célèbre film Un été 42.




  La dernière invitée ("surprise" -qui n'en était pas véritablement une, puisque attendue!) de ce concert, Natalie Dessay, vint interpréter en duo, avec le maestro au piano (et au chant!), certaines chansons, dont la célèbre ballade écrite en 1965 pour la chanteuse Nana Mouskouri: Vivre quand on aime.



  Malgré un léger couac sur une strophe de la chanson Mon dernier concert (titre-posthume de Claude Nougaro), le charme (robe de gala pailletée d'or aidant) et la puissance vocale de la cantatrice emplirent l'auditorium.
  Avant de quitter la scène, elle livrait à nos oreilles frémissantes l'interprétation passionnée d'un extrait du prochain album de sa collaboration avec Michel Legrand, narrant l'histoire de la vie d'une femme... 
Hâte de l'entendre! 

  Enfin, pour clore le bal, une suite orchestrale tirée de trois films américains mettant en scène le "héros" Steve McQueen. Tout d'abord, Le Mans, sur les fameuses courses contre la montre des 24 heures du Mans, à la composition fiévreuse, où l'on peut ressentir l'influence de Miles Davis. Ensuite, Le Chasseur (The Hunter), dans lequel McQueen joue le rôle d'un chasseur de primes décalé, et pour lequel Michel Legrand composa un thème bondissant, presque comique. 
  Pour le "grand final", il nous réservait ce qui reste probablement à ce jour sa plus grande composition pour le cinéma: L'Affaire Thomas Crown. Ce film de Norman Jewison, sorti en 1968, à mi-chemin entre la romance et le film d'espionnage, comporte une des plus belles scènes de séduction de l'histoire du cinéma, mettant en scène une certaine partie... d'échecs, l'échiquier séparant Steve McQueen de Faye Dunaway...
  Mais toute la force du film (et sa notoriété) provient d'avantage de sa musique, dont la chanson principale, The Windmills of Your Mind (Les Moulins de mon Coeur, en français), interprétée à l'époque par Noel Harrison, valut à l'époque un Oscar à Michel Legrand.





  Après les acclamations, suivies, naturellement, d'une longue standing-ovation, un colossal gâteau d'anniversaire fut apporté sur scène, à la déco "léchée" -pourrait-on dire- bobine de film et clavier de piano stylisé inclus! Le compositeur souffla alors une bougie, avant de finalement tirer sa révérence, sous les "hourras" et les "vivas"...

  Certaines étoiles ne meurent jamais, et Michel Legrand est de celles-là... Laissons-lui le mot de la fin:





  Permettez-moi de vous dire quelques mots sur la salle, à présent. 
  Malgré mes nombreux passages à la Porte Maillot (notamment pour des soirées-clubbing au Palais M, night-club situé au pied du complexe), c'était la première fois que je pénétrais dans le grand amphithéâtre du Palais des Congrès. Et quelle ne fût pas ma surprise devant les dimensions de cette salle, pouvant accueillir 3723 spectateurs, en taux de remplissage optimal!
  Michel Legrand lui-même s'en enthousiasma, lors de son entrée en scène: "on a l'impression que les gradins n'en finissent pas!" 
  Cette sensation est due à la conception-même de la salle, à plan incliné, s'élevant de l'orchestre au plafond, à gradation progressive, sans aucun palier de séparation entre les différentes "catégories".
  Qui plus est, l'acoustique (travaillée comme celle d'un auditorium) se révéla excellente. Il faut dire aussi que nous étions vraiment bien placés (certes un peu sur le côté, mais néanmoins au 11ème rang!) Mais je pense que tout le monde doit profiter pleinement de la musique, que l'on soit au dernier rang du balcon ou au premier rang de l'orchestre, de par la disposition des enceintes dans la salle.


Un peu d'histoire...

  Le complexe actuel, englobant le Palais des Congrès et l'hôtel gratte-ciel Concorde La Fayette, bien connu des parisiens, est aujourd'hui un ensemble architectural parfaitement intégré au tissu urbain de la périphérie de Paris. Nul ne pourrait imaginer aujourd'hui le grand rond-point de la Porte Maillot sans ces bâtiments iconiques.


   
  Cette ancienne porte menant au Bois de Boulogne, attestée depuis le règne du roi Henri II (mi-XVIème siècle), et dont le nom provient du "jeu de mail", très populaire sous François Ier (un terrain de pratique de ce jeu se trouvant au-delà, à l'orée des bois), fut complètement dévastée par les canons de la IIè armée allemande assiégeant Paris, durant le rude hiver de 1870-71, lors de la guerre Franco-prussienne...
  

  Il y a 80 ans, bien avant la construction du Boulevard Périphérique, la Porte Maillot -autrefois appelée Porte de Neuilly- ne représentait qu'un vaste terrain en friche, issu de la démolition des fortifications de l'enceinte dite "de Thiers", ceinturant Paris depuis les années 1860 et ayant participé à la défense lors du Siège de Paris. 

  Au nord de la place, sur l'emplacement de l'actuel Palais des Congrès, se situait le grand parc d'attractions permanent "Luna Park", actif de 1909 à 1934.



  D'origine américaine, ce parc proposait de nombreuses attractions à la machinerie révolutionnaire pour l'époque, comme la Scenic Railways, sise sur le Pikes Peak, grande "montagne russe" s'étalant sur un parcours de près de 2km (1945m , pour être exact!)
  L'endroit fut tant couru par les français que le départ du Tour de France cycliste y eut lieu en 1912.
  Ce grand parc d'amusements connut une fréquentation très importante durant l'entre-deux-guerres, constituant même un but de visite pour les touristes visitant la capitale. 
  Il s'agissait alors d'un parc d'attractions de renommée internationale.
  


  Malheureusement, suite à de nombreux défauts d'entretien, et à un désintérêt progressif du public, le parc devint de plus en plus vétuste, et fût laissé à l'abandon en 1934, pour finalement être démoli en 1942, sous l'occupation.

  Pour les amateurs d'attractions foraines, voici un lien vers un petit diaporama de photographies datant de la Belle-Epoque, peu après l'ouverture du parc (époque à laquelle le billet d'entrée ne coûtait qu'un franc!):


  Plusieurs projets d'aménagement urbain de la place de la Porte Maillot virent le jour au cours des années 1930, mais aucun ne fut jugé suffisamment intéressant pour engager des travaux.  
  Parmi ces projets, celui de l'architecte Henri Sauvage, en 1931, prévoyait de rebaptiser la place "de la Victoire", comportant deux "pylônes" d'habitations à gradins dominant la place délimitée par des immeubles conventionnels, et conçues suivant les règles de composition baroques, très en vogue durant cette période,  voyant le triomphe de "l'Art Déco" (comme on peut le voir notamment à la Porte de Saint-Cloud). Son projet prévoyait également l'installation en son centre d'une statue équestre du Maréchal Foch, l'un des vainqueurs de "La Grande Guerre", finalement édifiée place du Trocadéro-et-du-11-novembre...



  Un autre projet, datant de 1937, avait pour but de donner à la place un caractère monumental, car située dans l'alignement de la "Grande Perspective" du Louvre à l'Arc de Triomphe -aujourd'hui prolongée jusqu'à la Grande Arche de La Défense. Marqué par l'influence d'Auguste Perret, cet aménagement prévoyait deux tours géantes encadrant ladite perspective, surplombant deux niveaux de circulation automobile, de part et d'autre de jardins à l'anglaise menant à l'entrée du Bois de Boulogne. L'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne nazie, deux années plus tard, empêcha la concrétisation de ce projet relevant de l'utopie triomphaliste...



  Après la guerre, la Porte Maillot,demeura pour plusieurs années une vaste friche investie par les "zonards", ces habitants pauvres de l'ancienne "zone militaire fortifiée", devenue la "zone non-édifiée" séparant les vestiges de l'ancienne enceinte de Paris des villes de proche banlieue...
  Dans les années 50, le terrain fut occupé par plusieurs bâtiments provisoires appartenant à différents ministères de la IVème République.
  En 1960, suite à l'expansion des échanges touristiques et des Congrès, un programme fût mis à l'étude par le Comité au Tourisme et la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris.
  Guillaume Gillet, Grand Prix de Rome, fût chargé par le Préfet de Seine de coordonner ces études.
  Construit à partir de 1970, en liaison avec la tour de l'hôtel Concorde La Fayette, Le Palais des Congrès fût dès l'origine conçu, comme son nom l'indique, comme un lieu de congrès, mais aussi d'affaires, de commerces et de spectacles. Cet édifice monumental, officiellement inauguré le 28 février 1974, comporte une vaste galerie marchande sur deux niveaux, ceignant quatre amphithéâtres de dimensions différentes (dont le Grand, décrit plus haut), ainsi que de nombreuses salles de conférences. 
  La tour de l'hôtel Concorde La Fayette, quant à elle, inaugurée la même année, relevait du délire de la spéculation immobilière des "Trente Glorieuses": 33 étages pour 137 mètres de hauteur, 950 chambres, un espace modulable pouvant accueillir jusqu'à 4000 personnes...
  Le grand hôtel Meridien voisin date lui-aussi de la même période.
  C'est tout un quartier périphérique de la capitale qui était restructuré, alors que la construction du Périphérique venait de s'achever.


  
  En 1994, après 20 années de production de galas et de créations de spectacles (notamment Starmania, la célèbre comédie musicale de Michel Berger et Luc Plamondon), le Palais des Congrès se vit offrir un lifting, sous la direction de l'architecte Christian de Portzamparc. 
  L'inauguration, en 1998, de sa nouvelle façade en plan incliné, devenait le symbole glorieux d'une nouvelle ouverture de Paris vers l'ouest, vers le quartier d'affaires de La Défense, douce transition entre le XXème et le XXIème siècle...
  

mardi 4 décembre 2012

"The Hobbit" à la station Auber

  Une bien belle initiative de la part de la RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens, pour info -car on a toujours un peu de mal avec les sigles!), que celle d'avoir organisé un évènement promotionnel, en collaboration avec New Line Cinema, deux semaines avant la sortie au cinéma du film "The Hobbit", de Peter Jackson, préquelle du "Seigneur des Anneaux", et première adaptation du livre éponyme.



  Outre leur grand jeu-concours, sous forme de chasse au trésor géante dans les couloirs du métro (avec à la clé, pour le grand gagnant, un voyage en Nouvelle-Zélande, sur les lieux de tournage des paysages de la Terre du Milieu), leur tour de force a été la reconstitution d'une partie de Hobbitebourg, le village des hobbits, dans le vaste couloir de liaison de la station Auber, sur la ligne A du RER.
  Dan Hennah, le chef décorateur du "Hobbit" -mais aussi directeur artistique sur la trilogie du "Seigneur des Anneaux", pour laquelle il obtint un oscar- a lui-même supervisé le montage de ces décors, reproduits ici à l'échelle des hobbits!
  Du 26 au 30 novembre, nous pouvions ainsi découvrir un environnement champêtre, sur une surface de 150m2, avec de véritables arbustes et végétaux divers, autour de trois maisons de hobbits, "semi-enterrées sous la colline", et semblant surgir du sol bétonné du vaste hall d'échange de la station.
  Le personnel de la RATP, disponible et volontaire ("pour une fois", diraient les mauvaises langues!) était présent pour renseigner les voyageurs curieux.
  En dehors de ce décor, un "photo-stand" permettait d'être pris en photo devant la porte d'entrée de Cul-de-Sac (Bag End en V.O.), habitation de Bilbo Baggins, le héros de l'aventure, en compagnie de la silhouette de celui-ci, et du magicien Gandalf. Tout à côté, nous pouvions librement marcher sur une carte plastifiée de la Terre du Milieu. Près de l'entrée du village, un portraitiste de l'ère numérique était présent, afin de croquer les volontaires sur une tablette graphique, grimés en hobbits...
  Derrière les décors, plusieurs bornes interactives avaient été mises à la disposition du public, permettant de tester le nouveau jeu vidéo "Lego Seigneur des Anneaux", édité par Warner Bros. Interactive, sorti depuis le 23 novembre.



  Au moment où je m'aventurais à la découverte de cette installation, le vendredi 30 novembre, entre 17h et 18h (horaire de forte affluence), une animation était en cours, pour la dernière soirée avant le déménagement.
  Des comédiens costumés en hobbits interpellaient les passants, semblant les convier à leur banquet improvisé. C'est alors qu'un orchestre déboula, comme charrié par un flot de voyageurs descendant les escaliers vers le RER, et entama de joyeuses bourrées dans le style hobbit! La musique, guillerette, à consonances celtiques (violon, flûte, tambourin et bodhran), faisait s'arrêter aussi bien hommes d'affaires que banlieusards, soudain plus si pressés qu'à l'accoutumée. Et les comédiens-hobbits d'inviter les gens à danser avec eux! Le relâchement de la fin de la semaine de travail aidant, la plupart des gens se prêtait volontiers au jeu. Mais surtout les femmes, comme d'habitude pour tout ce qui concerne la danse dans un lieu public!


  Pour les plus curieux d'entre vous, voici une vidéo dénotant de l'ambiance qui régnait ce soir-là. J'ai pris cette vidéo à partir d'un appareil-photo compact, alors excusez la qualité sonore extrêmement médiocre, et voyez plutôt cela comme un simple aperçu:






dimanche 2 décembre 2012

Le temple du Rock-Live!



 Le mardi 27 novembre, la Guinness "Rock" Tavern fêtait ses 30 ans! Et quelle fête! La célébration de 30x365 soirées de concerts rock! Car la "Guinness" (comme la surnomment ses animateurs et ses habitués) ne connaît pas de relâche!
  Un concert de reprises pop-rock -voir plus si affinités!- chaque soir, quoiqu'il advienne, dans la plus pure ambiance du traditionnel Irish-Pub, tables et tabourets en bois inclus!

  La première fois que j'y pénétrais, une soirée d'automne de l'année 2006, je ne savais pas trop à quoi m'attendre... Le bouche-à-oreille faisant son office, on ne m'en avait dit que du bon, mais sans trop entrer dans les détails. Une "connaissance de travail" -métaleuse à tendance ultra- me l'avait conseillé en restant évasive ("vas-y, n'hésites pas, ça déchire!" -ou quelque injonction du genre...)
  J'y entraînais donc quelques amis, sans regarder la programmation, juste comme ça, pour passer une bonne soirée à écouter du bon son et boire de la bonne bière (la maison en propose 14 sortes à la pression!)
  Et quelle ne fut pas ma surprise quant à la qualité du concert! Lorsque nous y entrâmes (peu avant minuit, si mes souvenirs sont bons), un groupe de musicos semi-pros (je ne me souviens malheureusement plus de qui) donnait déjà un concert endiablé.
  Premier morceau entendu, et interprété avec brio: "Proud Mary", de Creedence Clearwater Revival.
  L'ambiance était là!
  Nous tentions tant bien que mal de nous frayer un chemin à travers les clients attentifs ou éméchés (voire les deux à la fois!), et une fois posés, légèrement trop éloignés de la scène pour profiter pleinement, vint le moment douloureux: l'examen de la carte et de ses tarifs (qualifiés d'"exorbitants" par mes potes). Il est vrai que payer 9euros sa pinte de "Guinness Extra-Cold" -si délicieuse et rafraîchissante soit-elle- pourrait freiner plus d'un pèlerin à consommer!
  Et pourtant, je devais par la suite y retourner de nombreuses fois, et ce, malgré mes moyens limités d'étudiant!
  Pourquoi? Non seulement car j'avais à l'époque le Rock 'n' Roll pour religion, mais aussi à cause de ce petit je-ne-sais-quoi d'indéfinissable qui régnait dans cet établissement... Peu importait le groupe qui se produisait sur scène, ou les gens qui m'accompagnaient, je m'y sentais toujours à l'aise!
  Je dois dire qu'après plusieurs années de fréquentation aléatoire de ma part, j'y retourne toujours avec grand plaisir.
  J'en conserve de nombreux souvenirs heureux: multiples soirées celtiques, organisées une fois par mois par le groupe Ambre 9 (et sa si charmante chanteuse Fanny); retransmission de la finale de la coupe du monde de Rugby en 2007 (copieusement arrosée de houblon irlandais -bien que nous supportions la France!); Halloween-Party, la même année; célébration de mes 21 ans (la chanteuse m'ayant gratifié d'un sympathique petit "Happy Birthday to you", version rock, à la demande de ma meilleure amie de l'époque...); inauguration de la terrasse, en janvier 2008, après l'entrée en vigueur de la loi interdisant la consommation de tabac dans les lieux publics (il faut bien s'adapter!); Grande Nuit de la Saint-Patrick, avec joyeuses distributions de chapeaux verts et autres "Irish-goodies"; Soirée-Country en compagnie de ma mère, lors de laquelle le groupe Pump m'a laissé chanter sur scène le refrain de "Sweet Home Alabama", de Lynyrd Skynyrd; rencontre avec une fille charmante (Aliénor, de son prénom -se reconnaîtra-t'elle?), "crush" d'un été (2009), alors que le groupe Jesters interprétait "Save Tonight", d'Eagle-Eye Cherry... Sans compter les nombreuses soirées entre amis, où la franche camaraderie était de rigueur!

  La "Guinness" n'a certes plus besoin de publicité (un spot s'en charge d'ailleurs régulièrement sur Oui.fm), car elle ne désemplit point. Malgré quelques travaux d'embellissement quelque peu douteux (pose d'un grand miroir sur le mur du fond -l'accès aux toilettes!- censé donner l'illusion d'une plus grande profondeur à la salle), mais surtout d'agrandissement (la surface du bar a été doublée), il-y-a environ deux ans, elle n'a en rien perdu de son charme. L'équipe est restée la même (barmen, serveurs, même le sympathique videur!)
  La programmation, quant à elle, a su se diversifier, notamment grâce au "Tremplin Rock", organisé ponctuellement, voyant s'affronter plusieurs nouvelles formations talentueuses, au vainqueur élu "à l'applaudimètre" en fin de soirée, et gagnant alors sa place d'animateur d'une soirée. Si le succès est au rendez-vous, alors le groupe reviendra...
  Une nouveauté: la soirée "Rock Stories", animée par le groupe Traffic Jam, est l'occasion de se replonger dans l'évolution du Rock et de ses grands standards...

  Alors, amateurs éclairés de Rock-music, n'attendez plus: foncez au 31, rue des Lombards, près de Châtelet  (1er), vous ne le regretterez pas!

  Et voilà le lien vers leur site internet (également refait à neuf):