mercredi 28 novembre 2012

La chanteuse de minuit à "L'Ecluse"



   Il y a quelques jours, les amateurs de grande chanson française "célébraient" un bien triste anniversaire: celui des quinze ans de la disparition de Monique Serf, dite Barbara... 
  
  Elle fut surnommée "la chanteuse de minuit" en raison de l'heure habituelle de son passage sur la scène du fameux cabaret L'Ecluse. Le principe de ce cabaret était de faire s'alterner sur scène chansons et numéros d'artistes de cirque, pantomimes, ou bien mimes tout court -le célèbre Mime Marceau y créa d'ailleurs de nombreux personnages durant les années 50.
  Après une succession de cinq morceaux ou numéros, un entracte, généralement situé aux alentours de minuit, permettait de ménager l'attente pour le passage de la "tête d'affiche", l'artiste confirmé pour lequel (ou laquelle) le public se déplaçait majoritairement. 
  Barbara se produisit pour la première fois à L'Ecluse en 1954, et après plusieurs années de fidélité, elle y devint l'artiste la plus plébiscitée, désormais abonnée au sixième numéro, qui passait après minuit.
  Elle y créa et interpréta plusieurs de ses grands succès, qui devinrent des standards de la chanson française.
Notamment sa fameuse chanson "Nantes", qui bouleversait l'audience à chaque interprétation.


Un peu d'histoire...

  L'Ecluse, sis au 15, Quai des Grands-Augustins, dans le VIème arrondissement ne devint un cabaret à proprement parler qu'en 1951, après la reprise de l'ancien café par 4 artistes (Brigitte Sabouraud, Léo Noël, Marc Chevalier et André Schlesser), qui souhaitaient en faire un lieu d'expression pour les nouveaux artistes.
  Des auditions y avaient fréquemment lieu, surtout le premier mercredi du mois. Les quatre fondateurs, constitués en jury, donnaient leur chance à de jeunes artistes prometteurs.
  En 1953, un certain Jacques Brel, fraîchement débarqué de Bruxelles, s'y produisit, en alternance avec ses prestations aux Trois Baudets, la fameuse salle de Pigalle.
  Outre Barbara, qui y était pour ainsi dire chez elle (le vieux piano droit servant à l'accompagnement se voyant affublé par elle du sobriquet affectif de "casserole"!), la scène de l'Ecluse vit défiler de grandes vedettes en gestation, parmi lesquelles Léo  Ferré, Francis Lemarque, Cora Vaucaire, Pia Colombo, Jean-Pierre Darras, Philippe Noiret, Les Frères Ennemis, le Duo Marc & André... Entre autres!
   La décoration du lieu (du scaphandre de l'accueil à la bâche vert vif tendue en fond de scène et ornée d'un filet de pêche et d'une bouée accrochée) était faite pour rappeler le passif de l'établissement, à savoir un bistrot de marinier, tenu par un certain Mr Dussart durant l'entre-deux-guerres, à l'époque fréquenté par les scaphandriers de la région... En devenant un cabaret, ce lieu renoua avec un plus ancien passé. En effet, au tournant du XXème siècle, le numéro 15 du quai abritait un magasin de musique (où se vendaient non seulement des partitions, mais aussi les premiers disques microsillons -90 tours par minute!)
  Après de nombreuses années d'activité, ayant rythmé la vie nocturne de la Rive Gauche, pour un public recherchant autre chose que la programmation "jazzy" des clubs Germanopratins (de Saint-Germain-des-Prés), étant devenu un lieu mythique du Quartier-Latin, L'Ecluse dut malheureusement subir la concurrence des cafés-concerts, au tournant des années 70... Une grave crise financière poussa les régisseurs à fermer les portes de l'établissement un mauvais jour de la fin de l'année 1974...
  


  Mais l'esprit de L'Ecluse ne s'est jamais véritablement éteint. De nombreux artistes se rappellent avec émotion ce qu'ils doivent à ce lieu devenu mythique -au premier sens du terme, car n'existant plus. Serge Lama, notamment, y ayant débuté en 1964, à l'âge de 21 ans, en parle toujours avec une reconnaissance posthume. A cette époque, il y tomba amoureux de Liliane Benelli, la pianiste-accompagnatrice de Barbara.        
  Lors d'un entretien avec Marc Chevalier, en 1987, Barbara déclarait qu'elle ne voulait pas "parler de L'Ecluse au passé... J'y suis restée six ans de ma vie sans voir le temps s'écouler. J'en garde un souvenir très présent. C'est là que j'ai fait mes classes. Avant de clore le spectacle, je l'ai débuté, et c'est en regardant les autres -Devos, Cora Vaucaire, Agnès Capri, Haller, Fabri, Dufilho - que j'ai tout compris. Contrairement à ce que l'on croit, passer au cabaret est la chose la plus difficile. Les spectateurs sont sur vous, pénètrent toutes vos émotions. Je ne sais pas, si, aujourd'hui, je pourrais chanter dans les mêmes conditions."

  Elle s'éteindra dix ans plus tard.

  Aujourd'hui, au 15, Quai des Grands-Augustins, on peut trouver un restaurant-bar à vins ayant conservé l'appellation de L'Ecluse, en forme d'hommage. C'est d'ailleurs une enseigne ayant plusieurs antennes dans Paris (dont une à Madeleine, où je suis allé dîner une fois, avec des collègues). Leur spécialité est de servir au verre de grands crus classés de Bordeaux.

  Pour les plus curieux, voici le lien vers leur site internet:



Pour aller plus loin:

  Les nostalgiques de l'âge d'or du cabaret parisien ne pourront que se délecter du très beau site interactif  -et vraiment immersif- de L'Ecluse d'antant:




samedi 24 novembre 2012

vendredi 23 novembre 2012

Une ville-monde

  Alors... Pourquoi me lancer dans la rédaction d'un blog sur Paris? Il en existe déjà tellement sur la toile! Et bien, je pense que je peux apporter ma pierre à l'édifice de la mine d'informations que l'on peut trouver sur la "ville-lumière" sur internet.

  Eternel piéton de la capitale française, j'en ai découvert beaucoup ces dernières années, errant de promenade personnelle à ballade en solitaire, par tous les temps, n'importe quand.
  
  Paris est une ville qui s'apprivoise, qui se dévoile progressivement (tout comme la parisienne!)
De découverte en découverte, d'une ambiance à l'autre, on finit par l'appréhender comme il se doit, comme une cité finalement peu farouche, qui présente tout ce que la vie peut nous offrir... le meilleur comme le pire! 
  Mais, "avec le temps", comme les bons moments sont les seuls qui méritent d'être retenus, nous ne nous souvenons finalement que des belles rencontres, des moments d'extase, des instants d'infini suspendus dans la chronologie de notre existence... 

  Et Paris a toujours été plus ou moins la toile de fond des évènements marquants de ma vie. Voilà pourquoi j'en parlerai un peu comme d'un personnage à part entière, tant sa simple présence a rythmé des étapes importantes de mon développement personnel. 
  Se pose alors la question du sexe de ce personnage... Masculin ou féminin? Lorsque nous parlons de LA ville, elle est alors forcément féminine... La municipalité, la ville de Paris... Les surréalistes -en la personne d'André Breton- n'y voyaient-ils d'ailleurs pas une femme, au sexe géométriquement symbolisé par la Place Dauphine, centre géographique de la ville? Oui, mais! Paris est ambigu, Paris est hermaphrodite, en ce sens où le cosmopolitisme actuel en ferait un être hybride, à une époque où les angles aigus de l'agressivité masculine se fondent aux arrondis de la douceur féminine... Et loin de moi l'idée de proférer une idéologie sexiste! Les frontières des genres s'estompent de plus en plus... l'évolution... Mais il s'agit là d'un tout autre débat!
  Quoiqu'il en soit, Paris est traversé journellement par des millions d'hommes et de femmes, à pied ou en voiture, à vélo ou en transport, sur terre ou sous la terre... Nous pourrions creuser d'avantage la symbolique érotique, mais ce n'est pas mon but. 

  Mon dessein est de vous emmener avec moi à la découverte de ce cosmos surprenant qu'est Paris!
  Je vous invite donc à me suivre dans ce voyage à travers les arrondissements, les quartiers, mais aussi les époques. Concernant les périodes historiques, vous pouvez apprendre (avec un peu d'entraînement) à penser en quatre dimensions, lorsque vous vous promenez. Ainsi, une simple plaque commémorative aura plus de retentissement pour vous que n'importe quelle image, représentation, ou récit détaillé d'un évènement, puisque vous serez vous-mêmes présents sur les lieux, et serez à même de vous représenter cette place, cette ruelle, ce quartier tout entier, tel qu'il existait il y a cent, trois cent, mille ans... La mémoire des lieux...
  
  Outre l'aspect historique, je tâcherai de vous proposer parfois quelques incursions dans le monde actuel des ambiances de rues, des évènements ponctuels (expositions, concerts, vie associative...) qui font de notre Paris une ville si vivante, si vibrante, où toujours quelque chose se passe! 

 Bienvenue à Paris, là où est la vraie vie!